Elle est surtout connue comme la sixième et dernière femme
de Henry VIII, roi d’Angleterre.
Celle qui lui a survécu. Celle qui a réussi à lui survivre, malgré tout...
Au printemps 1543 – un très beau printemps de la Renaissance
anglaise – Catherine, Lady
Latimer, jeune veuve de trente ans, est très amoureuse.
Mariée une première fois alors qu’elle était presque enfant à un vieillard, Lord
Borough of Gainsborough, elle est restée veuve à l’âge de 15 ans. Sa mère, Lady
Parr, veuve elle-même et véritable tyran domestique a arrangé un deuxième mariage
pour sa fille, cette fois avec John Neville, Lord Latimer. Le même scénario que
la première fois : un homme âgé
avec des enfants, un homme très gentil et très riche .Donc, jusque là pas de drames,
pas de peur . Mais pas d’amour non plus.
Ses deux maris ont laissé à Catherine Parr –à présent Lady
Latimer – des terres, des châteaux, de
l’argent. Elle est encore jeune, pas très belle mais très charmante, douce, intelligente,
d’esprit vivace. Et elle voudrait encore vivre, aimer, et, si possible, fonder
une famille à elle, vraiment à elle. Lors d’une réunion qu’elle organise dans
sa maison londonienne pour parler de cette « nouvelle religion »
cette nouvelle interprétation de la Bible dont parle Martin Luther, elle
rencontre Sir Thomas Seymour, frère de la défunte Jane Seymour, la troisième
épouse du roi Henry VIII, qui a donné au roi son premier fils légitime, Edward,
héritier du trône, puis a eu l’extrême gentillesse de disparaître une semaine
plus tard, emportée par la fièvre puerpérale….Elle a donc rendu d’un coup deux
services à ses deux frères ambitieux : d’une part devenir les oncles du
futur roi et et d’autre part rester
influents et populaires . (entendez par- là
ne pas devenir, à terme, des beaux-frères hais,frères d’une femme dont
le roi se serait lassé, qu’il aurait divorcé ou, carrément, ferait exécuter).Admirable
sœur…
Sir Thomas Seymour
vient à la réunion de Catherine pas tellement par adhésion à la nouvelle
doctrine religieuse. Il y vient parce qu’il hait le camp adverse, le camp
catholique, le clan Howard opposé aux « Seymours, ces parvenus »…Et
puis, pourquoi ne pas venir chez une jeune veuve qu’on dit solitaire, jolie et
riche ?
Thomas Seymour n’a jamais été – et ne sera jamais – un
homme « transparent ». Il est terriblement ambitieux et son
ambition empiète sur ses sentiments. Déjà à ce premier stade de ses relations
avec Catherine Parr il a des « vues » sur les filles de la Maison
Royale. Un jolie petite fille rouquine de dix
ans (la future reine Elizabeth I) fille cadette du roi… Une toute petite
fille de cinq ans, Lady Jane Grey, petite nièce du roi…Une vieille fille de 27
ans, Mary (la future Bloody Mary,Marie la Sanglante) fille aînée du roi….D’accord,
les deux petites sont trop jeunes, mais dans quelques années…. Mais lorsque son
beau-frère, Henry VIII le remet vertement à sa place il jure sur la mémoire de sa « chère sœur »
qu’il n’a jamais, au grand jamais eu « des idées pareilles »….
Justement, Henry VIII. Une année entière est passée depuis
qu’il a fait décapiter sa cinquième femme, la très jeune et jolie Katherine
Howard, accusée d’adultère. Maintenant il se sent désespérément seul. Il
cherche une nouvelle femme. Douce et fidèle. Qui le comprenne, l’entoure et…
soigne sa jambe ulcérée. Il ne comprend vraiment pas pourquoi toutes les dames
de la Cour fuient avec effroi lorsqu’il les regarde. A-t-il jamais commis une
injustice ?
A-t-il jamais puni quelqu’un qui ne le méritait pas ?
Ne fut- il pas toujours un bon monarque et un excellent mari ?
Il se souvient alors d’une dame douce et agréable, la fille
de Thomas Parr, Catherine….Elle serait parfaite : docile, habituée à la
compagnie de maris plus agés et malades. Qu’on la fasse donc venir sur le champ ! Toute la Cour jubile à cette idée géniale. Le
parti catholique, Norfolk, Stephen Gardiner, Wriothesley jubilent, parce que Lord
Latimer était un catholique convaincu et ils croient que sa femme était du même
bord. Le parti protestant (clandestin) dont Cranmer, jubile parce qu'il sait que Catherine fait partie de ceux qui sont secrètement adeptes de la « Nouvelle religion ».Les enfants
de Henry VIII se réjouissent d’avoir une belle mère gentille, aimante (et
malléable !). Tout le monde est ravi sauf l’intéressée, qui est terrifiée,
anéantie. Elle craint pour sa vie ( pour les jeunes femmes de
l’aristocratie anglaise le mariage à Henry VIII est devenu synonyme de
l’antichambre d’une cellule dans la Tour
de Londres suivie du billot!) Elle craint aussi pour la vie de Thomas Seymour,
l’amour de sa vie. Elle n’ose pas refuser. D’ailleurs peut –on refuser quelque
chose à Henry et rester vivant ? Ainsi,
le 12 juillet 1543, à Hampton Court, palais plein de souvenirs sinistres
de la souffrance et la mort des épouses précédentes, Catherine Parr, Lady Latimer, épouse Henri VIII et
devient Reine d’Angleterre.
Thomas Seymour part en mission (exil ?) vers la Flandre
et même lorsqu’ils reviendra Catherine n’osera jamais lui adresser la parole.
Elle tremble en permanence durant les trois ans et demi de son mariage avec le
roi. Elle a devant elle l’exemple terrifiant d’Anne Boleyn et Katherine
Howard, la deuxième et la cinquième épouse, toutes deux décapitées. Elle sait aussi ce qui est arrivé à une
amie qu’elle admire beaucoup, Anne Askew, la première femme anglaise noble à
être sauvagement torturée puis brûlée vive à Smithfield, martyr de sa foie
protestante. Or Catherine, elle aussi, cache dans ses appartements des écrits
interdits de Martin Luther. Et Henry VIII, tout éloigné qu’il est de la papauté
et de Rome, ne souffre pas de telles hérésies.
Souvent irrité par la
vivacité d’esprit de sa femme lors de discussions philosophiques (Henry déteste les "femmes savantes!) et ne voyant
pas venir une grossesse prometteuse de la
naissance d’un fils (son obsession !) le Roi pense à se débarasser d’elle.
Selon certaines sources elle a échappé à la mort uniquement parce qu’un
fonctionnaire chargé de délivrer l’ordre pour son arrestation a
maladroitement laissé choir le document qu’un serviteur fidèle de Catherine a
vite ramassé et détruit. Selon d’autres sources elle’aurait amadoué son mari en affirmant
qu’elle n’est qu’une pauvre femelle stupide et lui un génie.En tout cas, tous sont d’accord de dire que c’est
probablement sa qualité de bonne infirmière qui lui a , in extrémis,sauvé la vie.... Quelle que soit la version exacte, le 28
janvier 1547 Henry VIII meurt et Catherine Parr est enfin libre! Libre d’épouser son
amoureux, Thomas Seymour.
Ce qui suit est vraiment triste. Catherine nage dans le
bonheur et attend un enfant. Elle a une maisonnée pleine de jeunes : la
Princesse Elizabeth âgée de 14 ans et Lady Jane Grey âgée de 9 ans, toutes deux placées sous sa
responsabilité. Puis c’est
l’horreur : Catherine découvre que son mari la trompe avec la très jeune
Elizabeth. Très choquée elle renvoie la princesse. Elles ne se reverront
jamais. Catherine Parr mourra en couches, refusant jusqu’à son dernier soupir d'
adresser la parole à Thomas Seymour.
Quant au jeune roi Edward VI, héritier de Henry VIII, il
fera peu après décapiter son oncle trop ambitieux, Thomas Seymour,
Lord Amiral de la Flotte anglaise. On ne sait pas ce qui est advenu de Mary
Seymour, la fille de Catherine et de Thomas Seymour. Elle est probablement morte
dans sa petite enfance.
Je vous propose de voir ou de revoir le film « Young
Bess » (La reine vierge) de George Sidney (1953), avec Deborah Kerr jouant Catherine Parr , Jean
Simmons jouant Elizabeth , Stewart Granger dans le rôle de Sir Thomas Seymour et Charles Laughton (comme d'habitude) dans le rôle de Henry VIII. Je
vous recommande aussi de lire « The Sixth Wife » de la romancière
anglaise Jean PLaidy(Three Rivers Press, New York, 1996) et la magnifique multibiograpie de Lady Antonia Fraser,
« The Six Wives of Henry
VIII ».(Mandarin Paperback, 1993). Les deux auteurs vous proposent une très riche bibliographie!
Si vous êtes intéressés par des articles historiques d'une thématique plus récente (notamment 6 articles consacrés à la Guerre de Corée, 5 articles à la Guerre du Vietnam, 4 articles consacrés à la Guerre du Pacifique) si vous vous- intéressez aux films de guerre américains, ou l'histoire de Hollywood, je vous propose de visiter mon autre blog:
Les billets d'Elisheva Guggenheim, elishevaguggenheim.blogspot.com