Cette fierté de voir Mary dans son arbre généalogique date
de plusieurs siècles. Mais l’engouement du grand public est dû,
essentiellement, à la parution du livre de Philippa Gregory, » The Other
Boleyn Girl », en 2001, Chez HarperCollinsPublishers, à Londres. Ce best- seller très imagé, bien écrit, facile à lire et
romantique à souhait, a servi de base au scénario du film du même nom (en
français Deux Sœurs Pour un Roi), sorti
en 2008, avec Scarlett Johansson dans le rôle de Mary Boleyn, Natalie
Portman dans le rôle d’Anne Boleyn et Eric Bana dans le rôle du roi Henry VIII.. Le film, et
surtout le roman présentent Mary comme une jeune épouse innocente de 14 ans, (mariée à
William Carey à 12 ans…) que l’ambition
impitoyable de sa famille, le clan Boleyn-Howard, pousse dans le lit du roi.
Que Mary devienne la favorite du roi, qu’elle lui donne le fils tant souhaité, l’héritier
mâle que la reine Katherine d’Aragon n’a pas réussi à
donner à Henry : tel est
le rêve des parents, de l’oncle, de la sœur Anne et du frère George. Pas
nécessairement de Mary, qui cherche l’amour et le bonheur. Bonheur qu’elle
trouvera auprès de son deuxième mari, William Stafford, qui assumera
tout : sa liaison avec le roi, ses deux enfants qui portent le nom Carey
mais qui sont,en fait, la fille et le fils de Henry VIII, et, finalement, la
chute de la Maison Boleyn, avec l’exécution, en mai 1536, d’ Anne Boleyn, de son frère
George Boleyn et de tous les gentilshommes de la Cour accusés d’ être leurs
amants…
En 2011 est paru un autre livre, best-seller lui aussi,
écrit par l’historienne Alison Weir « Mary Boleyn,The Mistress of Kings, »
(Mary Boleyn, la maîtresse des rois) chez Ballantine Books, à New York et, sous
un titre encore plus provoquant, à Londres, chez Jonathan
Cape : « :Mary Boleyn, the Great and Infamous Whore » « (Mary
Boleyn, la grande putain infâme », titre qui fait allusion à la manière
dont Mary était vue par certains chroniqueurs des siècles passés…) Rien que ces
deux titres montrent l’abîme qui sépare les deux visions de Mary ! Où est l’innocente jeune épouse
devenue la maîtresse de Henry VIII, en 1522, à l’âge 14 ans, telle que Philippa Gregory la
conçoit ? Alison Weir, comme la plupart des historiens modernes, présente Mary comme la sœur aînée
d’Anne (et non pas la cadette, comme le fait Philippa Gregory).Mary serait née déjà en 1498 ( et non pas en 1508, comme le
prétend Philippa Gregory.) Vers 1522, lorsqu’elle devient la maîtresse de Henry
VIII elle est déjà âgée de 24 ans, mariée depuis deux ans à William
Carey. Lady Carey aurait eu, alors qu’elle était jeune dame d’honneur à la Cour de France, une
brève liaison avec François Premier et, ensuite, avec un peu n’importe qui
(selon les
mauvaises langues de l’époque). Son père, horrifié, l’aurait ramenée en Angleterre et mariée., plus
tard, à sir William Carey.Alison Weir ne croit pas que la liaison de Mary avec
Henry VIII ait duré des années et aurait été de notoriété publique. Elle, qui
est historienne, cherche en vain les traces
de cette liaison durable dans les sources de l’époque. Elle met aussi en
doute la paternité de Henry des deux
enfants Carey. ( Lady Catherine Knollys-Carey et Henry Carey, cousins, amis et
proches conseillers de la Reine Elizabeth I, la fille d’Anne Boleyn et de Henry
VIII). Paternité qui est un des fils conducteurs du roman de Philippa Gregory….
Où est donc la vérité ? Dans le beau roman, ou dans la
rigoureuse recherche historique ?
Ceux qui, selon l’énumération parue dans le livre d’Alison Weir,
sont si fiers d’être les descendants des deux enfants Carey, Catherine
Knollys-Carey et Henry Carey, seraients-ils issus non seulement de Mary Boleyn,
leur mère, mais aussi d’un redoutable tyran devenu fou sanguinaire, le roi Henry VIII
?
Pour en savoir plus sur l’atmosphère de la Cour d’Henry VIII
je vous recommande non seulement le film « Deux Sœurs Pour un Roi » et la
série populaire « Les Tudors » (avec Jonathan Rhys-Meyers dans le rôle d’Henry), série bourrée d’inexactitudes historiques selon Alison Weir, mais surtout, surtout, un film plus
ancien sur la tragédie de la sœur de Mary Boleyn, Anne.
« Anne des Mille Jours » (« Anne of the Thousand Days »),
un film de Charles Jarrot
tourné en 1969, avec le regretté Richard Burton dans le rôle de Henry
VIII et la merveilleuse actrice canadienne Geneviève Bujold dans
le rôle d’Anne Boleyn ! Anne qui a
su évincer sa sœur Mary du lit et du cœur de Henry VIII et qui a payé de
sa vie pour ses ambitions dévorantes.
Elisheva Guggenheim-Mohosh.
Voir aussi les Billets d’Elisheva
Guggenheim www.elishevaguggenheim.blogspot.ch