lundi 24 septembre 2012

Mary Boleyn, la soeur d'Anne : deux visions différentes!

Jusqu’à il y a dix ans personne, en dehors de quelques historiens, ne parlait de la sœur aînée d’Anne Boleyn, Mary. Pourtant, des gens très connus ont toujours déclaré fièrement être les descendants directs de Mary Boleyn ! Parmi eux : Lord Nelson, vainqueur de la Bataille de Trafalgar, Sir Winston Churchill, La Reine Mère Elizabeth, donc aussi Sa Majesté la Reine Elizabeth II ainsi que les princes Charles, William et Harry, mais aussi leurs épouses : Lady Di , Camilla  Parker Bowles,( la deuxième femme de Charles), Kate Middleton, la femme de William, et je pourrais continuer à l’infini….

Cette fierté de voir Mary dans son arbre généalogique date de plusieurs siècles. Mais l’engouement du grand public est dû, essentiellement, à la parution du livre de Philippa Gregory, » The Other Boleyn Girl », en 2001, Chez HarperCollinsPublishers, à Londres. Ce best- seller très imagé, bien écrit, facile à lire et romantique à souhait, a servi de base au scénario du film du même nom (en français Deux  Sœurs Pour un Roi), sorti en 2008, avec Scarlett Johansson dans le rôle de Mary Boleyn, Natalie Portman dans le rôle d’Anne Boleyn et Eric Bana dans le rôle du roi Henry VIII.. Le film, et surtout le roman présentent Mary comme une jeune épouse innocente de 14 ans, (mariée à William Carey à  12 ans…) que l’ambition impitoyable de sa famille, le clan Boleyn-Howard, pousse dans le lit du roi. Que Mary devienne la favorite du roi, qu’elle lui donne le fils tant souhaité, l’héritier mâle que la reine Katherine d’Aragon n’a pas réussi  à  donner à Henry : tel est  le rêve des parents, de l’oncle, de la sœur Anne et du frère George. Pas nécessairement de Mary, qui cherche l’amour et le bonheur. Bonheur qu’elle trouvera auprès de son deuxième mari, William Stafford, qui assumera tout : sa liaison avec le roi, ses deux enfants qui portent le nom Carey mais qui sont,en fait, la fille et le fils de Henry VIII, et, finalement, la chute de la Maison Boleyn, avec l’exécution, en mai 1536, d’ Anne Boleyn, de son frère George Boleyn et de tous les gentilshommes de la Cour accusés d’ être leurs amants…

En 2011 est paru un autre livre, best-seller lui aussi, écrit par l’historienne Alison Weir «   Mary Boleyn,The Mistress of Kings, » (Mary Boleyn, la maîtresse des rois) chez Ballantine Books, à New York et, sous un titre encore plus provoquant, à Londres, chez Jonathan Cape : «   :Mary Boleyn, the Great  and Infamous Whore »  « (Mary Boleyn, la grande putain infâme », titre qui fait allusion à la manière dont Mary était vue par certains chroniqueurs des siècles passés…) Rien que ces deux titres montrent l’abîme qui sépare les deux visions de Mary ! Où est l’innocente jeune épouse devenue la maîtresse de Henry VIII, en 1522, à l’âge 14 ans, telle que Philippa Gregory la conçoit ? Alison Weir, comme la plupart des historiens modernes, présente Mary comme la sœur aînée d’Anne (et non pas la cadette, comme le fait Philippa Gregory).Mary serait née  déjà en 1498 ( et non pas en 1508, comme le prétend Philippa Gregory.) Vers 1522, lorsqu’elle devient la maîtresse de Henry VIII elle est déjà âgée de 24 ans, mariée depuis deux ans à William Carey. Lady Carey aurait eu, alors qu’elle était jeune dame d’honneur à la Cour de France, une brève liaison avec François Premier et, ensuite, avec un peu n’importe qui (selon les



mauvaises langues de l’époque). Son père, horrifié, l’aurait ramenée en Angleterre et mariée., plus tard, à sir William Carey.Alison Weir ne croit pas que la liaison de Mary avec Henry VIII ait duré des années et aurait été de notoriété publique. Elle, qui est historienne, cherche en vain les traces  de cette liaison durable dans les sources de l’époque. Elle met aussi en doute la paternité de Henry  des deux enfants Carey. ( Lady Catherine Knollys-Carey et Henry Carey, cousins, amis et proches conseillers de la Reine Elizabeth I, la fille d’Anne Boleyn et de Henry VIII). Paternité qui est un des fils conducteurs du roman de Philippa Gregory….

Où est donc la vérité ? Dans le beau roman, ou dans la rigoureuse recherche historique ?

Ceux qui, selon l’énumération parue dans le livre d’Alison Weir, sont si fiers d’être les descendants des deux enfants Carey, Catherine Knollys-Carey et Henry Carey, seraients-ils issus non seulement de Mary Boleyn, leur mère, mais aussi d’un redoutable tyran devenu fou sanguinaire, le roi Henry VIII 
 ?

Pour en savoir plus sur l’atmosphère de la Cour d’Henry VIII je vous recommande non seulement le film « Deux Sœurs Pour un Roi » et la série populaire « Les Tudors » (avec Jonathan Rhys-Meyers dans le rôle d’Henry),  série bourrée d’inexactitudes  historiques selon Alison Weir, mais surtout, surtout, un film plus ancien sur la tragédie de la sœur de  Mary Boleyn, Anne. « Anne des Mille Jours » (« Anne of the Thousand Days »), un film de Charles Jarrot  tourné en 1969, avec le regretté Richard Burton dans le rôle de Henry VIII et la merveilleuse actrice canadienne Geneviève Bujold dans le rôle  d’Anne Boleyn ! Anne qui a  su évincer sa sœur Mary du lit et du cœur de Henry VIII et qui a payé de sa vie pour ses ambitions dévorantes.

Elisheva Guggenheim-Mohosh.
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