« I
must and will have Katharine to my wife » (Shakespeare, La mégère
apprivoisée Acte II)
“And, kiss
me Kate, we will be married o’ Sunday.” (Shakespeare,
La mégère apprivoisée,
Acte II)
Peu d’épouses dans l’histoire des royautés européennes ont
été aussi humiliées que Catalina, fille de leurs Majestés Catholiques, Isabelle
de Castille et Ferdinand d’Aragon. Son divorce d’avec Henry VIII, roi
d’Angleterre a bouleversé le cours de l’Histoire, a causé la perte
d’hommes
célèbres (dont le savant
humaniste anglais - et martyre catholique - Sir Thomas More, auteur
de l’ouvrage philosophique
« Utopia » et le Cardinal John Fisher décapité
en même temps que Thomas More) et a marqué le
début des manifestations d’une folie et d’une cruauté jusque là peu
perceptibles chez un jeune monarque très aimé : Henry VIII
d’Angleterre.
Catalina, plus tard connue comme Katharine d’Aragon, est née
près de Tolède en 1485.Dès l’âge de trois ans elle est fiancée à Arthur, Prince
de Galles, fils aîné du roi Henry VII Tudor d’Angleterre. Mais ces fiançailles,
(comme beaucoup de fiançailles entre très jeunes enfants de rois) sont assez
incertaines. Incertaines, tout comme le statut de « Rois légitimes
d’Angleterre » de la toute nouvelle dynastie Tudor, qui ne règne que
depuis la victoire de Henry Tudor, Comte de Richmond (devenu Henry VII) à la
bataille de Bosworth Field, en 1485… Mais
cette dynastie, un peu « parvenue » se consolide peu à peu, et
finalement Isabelle
de Castille et Ferdinand
d’Aragon laissent partir leur fille âgée de 16 ans vers son frêle fiancé,
Arthur, âgé de 15 ans au mois d’ août 1501.
Katharine est la fille cadette d’une femme qui a une très forte
personnalité. Une mère qui exige que sa fille ait une éducation exemplaire.
Qu’elle connaisse aussi bien les auteurs anciens, le grec et le latin, que
l’art du tissage, de la broderie et de la cuisine. Qu’elle sache commander et
qu’elle sache obéir. Qu’elle sache dès son plus jeune âge d’où elle vient, que
ses parents sont les plus grands souverains d’un monde qui ne cesse de
s’élargir, que dans ses veines coule aussi du sang anglais (elle est
d’ascendance Plantagenêt) et qu’elle est destinée à régner.
Depuis le beau palais de l’Alhambra à Grenade, de belles
lettres écrites en latin partent vers le lointain fiancé anglais. Et,
finalement, en octobre 1501 c’est la rencontre avec Arthur, le départ vers
Richmond et, en novembre, le mariage en la Cathédrale St Paul de Londres.
Un amour timide naît entre les deux adolescents, mais le
mariage n’est, très probablement, jamais consommé .En tout cas Katharine jurera
jusqu’à son dernier jour qu’elle est restée vierge durant les quelques mois du
mariage au pauvre jeune adolescent maladif, chétif qui meurt le 2 avril 1502,
dans le château de Ludlow, dans ce Pays e Galles dont il est le prince…
Katharine est veuve à 16 ans.
Quel sera son destin ?
D’une part, Henry VII, avare notoire, ne veut pas entretenir
sa belle-fille. " Que ses parents riches l’entretiennent "-
déclare-t-il. D’autre part il veut garder sa dot. Donc il ne veut pas la
laisser repartir en Espagne. On la fiance donc au nouveau Prince de Galles, âgé de 11 ans. C’est Henry. Le futur Henry VIII.
Un beau garçon, qui sait très bien ce qu’il veut. Et il ne veut pas de cette
« Katharine », veuve de son frère, malgré la dispense du Pape et
malgré les souhaits de son père. Cette
princesse de plus en plus pauvre, cette princesse aux robes rapiécées, qui doit
vendre les bijoux qui constituent sa dot, qui doit congédier les gens de sa
maison londonienne parce qu’elle ne peut plus les rémunérer. Et cette pauvreté
londonienne humiliante, cette pauvreté à la fois loin de Grenade et loin de la
Cour de Londres durera 7 ans.
Et voici que Henry VII meurt en 1509 et le bel Henry VIII
(le futur gros monstre, mais qui le savait à l’époque ?) ce jeune roi
auquel on destine de belles princesses européennes, montre une fois pour tout
qu’il ne fera qu’à sa tête. Il ne voulait pas de Katharine lorsqu’il était
enfant ? Maintenant il la veut. Il la veut et il l’épouse. Ils s’aiment.
Le plus triste, c’est que c’était un vrai mariage d’amour...
Fin de la première partie.
Elisheva Guggenheim-Mohosh
Une façon intéressante de rendre l'Histoire plus vivante
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RépondreSupprimerVoir les deux prochains articles de cette série : " Katharine d'Aragon: souffrir la tête haute" et " Katharine d'Aragon: la déchéance".
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