mardi 12 mars 2013

Katharine d'Aragon, princesse humiliée. Deuxième partie: souffrir la tête haute.



Petruchio : « Why, there’s a wench ! come on, and kiss me Kate….Come Kate, we’ll to bed.”
(Shakespeare, La mégère  apprivoisée, Acte V)

 Petruchio : « I say it is the moon. »
Katharina : “ I know it is the moon.”
Petruchio:  “Nay, then you lie: it is the blessed sun”
Katharina:  “Then, God be blessed, it is the blessed sun.”
(Shakespeare, La mégère apprivoisée, Acte IV)


 Contrairement à ce que les nombreux films sur Henry VIII et ses six épouses nous montrent, à leur jeunesse ni Henry, ni Katharine d’Aragon n’étaient laids. Katharine (ou Catherine selon certains auteurs), d’origine anglaise, était mignonne, petite, avec des cheveux auburn clairs, très attrayante, éveillée, intelligente et superbement cultivée. Henry, de six ans son cadet, ne l’a trouvée nullement repoussante et fréquentait son lit assidûment. C’était, comme on l’a vu ,(notre article du 9 mars 2013) un mariage d’amour. Surprenant, inattendu, mais romantique à souhait.

Quant à Henry VIII, dans sa jeunesse il ne ressemblait vraiment pas à Charles Laughton (qui a joué le rôle maintes fois). Ce n’était pas Henry-le-bouffi ,  (Bluff King Hal) comme on l’a appelé plus tard, mais un géant blond-rouquin,  la barbe dorée, les yeux bleus, très sportif, adorant la danse, la musique , compositeur reconnu de plusieurs belles chansons de la Renaissance anglaise, cultivé et intelligent, et profondement religieux, tout comme sa jeune femme .Bref, c’était un jeune couple qui pouvait très bien s’entendre. La différence d’âge ne se fera sentir que  plus tard, lorsque Katharine, ayant passé la trentaine et épuisée par six grossesses, va grossir (catastrophique pour une femme de petite taille). Grossir, et souffrir et être humiliée, sans jamais dire un mot. Farouchement fidèle et loyale à Henry, souvent sa meilleure conseillère même en matière politique, elle tiendra toujours son rang, comme il sied à une princesse fille des plus grands souverains de la Chrétienté, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon….

Pourtant tout commence bien : peu après le mariage en novembre 1509 Katharine tombe enceinte, mais elle accouche d’une fille mort-née. Puis vient l’héritier, Henry, qui ne vivra  que 52 jours…Puis en 1513, alors qu’elle est régente du royaume et qu’elle encourage les troupes anglaises à dos de cheval, lors de la guerre contre les écossais, guerre dont les Anglais sortent vainqueurs,elle fait une fausse couche. Puis, en 1515, elle accouche à nouveau d’un fils, un bébé qui mourra peu après. En février 1516 naît une fille, Mary, qui vivra : ce sera Mary Tudor (Bloody Mary, Marie la Sanglante), future reine d’Angleterre…Henry est très content de sa fille. Mais il veut un fils et reproche amèrement à sa femme de ne pas lui en donne un héritier mâle. (comme si c’était la faute de Katharine que ses deux fils soient morts !)

Cette obsession d’Henry, qui deviendra, plus tard une folie meurtrière, s’atténue en 1519 , mais d’une manière très tragique pour sa femme. Alors que Katharine d’Aragon accouche d’une fille mort-née en novembre 1518, elle doit assister au baptême DU FILS DE SON MARI. Un fils bien vivant, bien portant, et très aimé par Henry VIII. Un fils que lui donne sa maîtresse, Betsy Blount, en juin 1519, et auquel Henry VIII donne immédiatement un nom bien évocateur, bien significatif : Henry Fitzroy ! (Henry, fils-de-roi !!!) .

 Donc, comme on l’a souvent remarqué, malgré le pleurnichage, ( devenu permanent et obsessionnel)d' Henry VIII, selon lequel Dieu l’a maudit on le privant d’héritiers, il a eu de nombreux enfants, dont au  moins quatre garçons nés à terme (si on compte les deux fils de Katharine d’Aragon, Henry Fitzroy et le futur Edward VI, fils de Jane Seymour) et trois de ses héritiers lui succèderont sur le trône d’Angleterre.

N’empêche : Henry et Katharine se sont éloignés. Henry regarde ailleurs. En plus de Betsy Blount,  Mary Boleyn sera sa maîtresse.  (voir notre article du 24 septembre 2012) Katharine a beau l’aimer, le seconder, souffrir en silence ses infidélités, rien ne la sauvera de l’humiliation suprême, celle qui suivra l’apparition  d’une jeune dame d’honneur revenue de  France, une ambitieuse au destin  tragique : Anne Boleyn.

Fin de la deuxième partie.

Je vous recommande la lecture du livre d’Antonia Fraser, « The Six Wives of Henry VIII » un best-seller paru en 1992 chez Weidenfeld and Nicolson à Londres, un des meilleurs ouvrages consacrés à ce sujet. Egalement « Katharine of Aragon : the Story of a Spanish Princess and an English Queen » par Jean Plaidy, trois romans réunis en un volume, parus chez Three Rivers Press aux Etats-Unis, en paperback. (éditions originales chez Robert Hale à Londres,au début des années ’60).


Elisheva Guggenheim-Mohosh

3 commentaires:

  1. qu'est il advenu de Henry Fitzroy? et de sa maman?

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    1. Henry Fitzroy, duc de Richmond et de Somerset, adoré et gâté sa vie durant par son père, Henry VIII est mort de
      maladie pulmonaire à l'âge de 17 ans. (juillet 1536). Peu après sa naissance sa mère, Elizabeth Blount, a épousé un certain Seigneur Talboy, auquel elle a donné plusieurs enfants. Betsy Blount n'était qu'une des maîtresses du roi, mais la seule dont l'enfant illégitime a été ouvertement reconnu par Henry VIII.

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  2. Voici une façon de rendre l'Histoire vivante et intéressante. Noémie

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